Le livre : La Chambre des dupes de Camille Pascal. Paru le 27 août 2020 chez Plon. rééditer en poche le 19 août 2021 chez Pocket. 9€20. (523 p.) ; 18 x 11 cm
4e de couv :
La chambre des dupes
Septembre 1741. La favorite est morte, vive la favorite ! Marie-Anne de La Tournelle a pourtant d’autres ambitions que ses soeurs, qui l’ont précédée dans ce statut : vite prises, vite répudiées, vite oubliées…
Elle se refuse donc au Roi pouf mieux le subjuguer et lui arracher une place qu’aucune autre n’a encore jamais occupée auprès de lui. Maîtresse, conseillère, intrigante, négociatrice, elle est adorée de Louis XV, jalousée de la Cour, crainte des ministres et haïe par le peuple.
Lorsque son royal amant tombe malade, le pouvoir de Marie-Anne vacille. Devra-t-elle plier brusquement le genou face à l’Église et se soumettre à la raison d’État ?
l’auteur : Haut fonctionnaire, Camille Pascal est notamment l’auteur de Scènes de la vie quotidienne à l’Elysée, des Derniers Mondains et d’Ainsi, Dieu choisit la France. Son premier roman, L’Été des quatre rois, couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française, s’est vendu à plus de 130 000 exemplaires.
Extraits :
« La Cour était un grand théâtre où il fallait savoir garder sa place. La céder, c’était se perdre. »
« Les carrosses de la Cour roulaient bon train sur le grand chemin qui va de Versailles à Choisy et l’on entendait les gardes du corps crier : « Le roi passe ! Le roi passe ! » afin que le vulgaire se range , que les braconniers se cachent, que les seigneurs faisant aussi la route arrêtent leurs voitures sur les bas-côtés et en descendent pour saluer le roi. »
« C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il aimait la fréquentation du pouvoir, car, avec lui, ce qui était prévu n’arrivait jamais et l’imprévu, au contraire, était toujours certain. Versailles se réduisait à un immense tapis vert où chacun misait quotidiennement son existence dans l’espoir de tirer un jour la bonne carte. »
« Qu’adviendrait-il alors de son bon gouvernement et de cette sage diplomatie qui lui avait permis de tenir la France éloignée tout à la fois de la guerre et de la banqueroute ? Ces écervelés savaient-ils les efforts qui lui avaient été nécessaires pour relever le royaume de la ruine et embrouiller à ce point la carte diplomatique de l’Europe qu’aucune chancellerie ne s’y retrouverait plus ? Un homme l’inquiétait particulièrement, c’était le duc de Richelieu, dont l’ambition politique n’avait d’égal que le priapisme. Ce fou usait de son nom comme d’un brevet de gouvernement, prétendait à tout avec une insolence et un aplomb qui révulsaient le vieux manœuvrier passé maître dans l’art de dissimuler et de feindre depuis le grand séminaire. Richelieu, non content de se faire annoncer par l’odeur insoutenable des parfums dont il s’inondait, traînait après son char plus de femmes déshonorées que paris ne comptait de cocus. »
Le billet d’Humeur de Dame Geneviève
La Chambre des dupes de Camille Pascal
Il faut se départir d’abord de tout esprit de sérieux et avoir envie de s’évader …
Un 500 pages, pas facile à emporter dans le métro donc. C’est bien le seul défaut que je trouve !
Sinon le livre de Camille Pascal nous transporte dans le Versailles de Louis XV et, même si l’on n’est pas une passionnée de l’époque historique ni de ce souverain lamentable , on plonge avec délices dans les satins et les bouffettes, les rubans et les bouillonnés, les dentelles et le secret des mouches coquettes qui délivre des messages aux plus avisés. – que l’on se rassure, toute la Cour l’était-
Cela peut sembler futile, et ça il est probablement, mais c’est un dérivatif délicieux, dans une époque quelquefois lourde et angoissante, et après tout, un remède comme un autre, que de se plonger dans un Fragonard ou un Boucher, leurs formes délicates et leurs couleurs acidulées, de sentir la douceur et la délicatesse d’une mule de satin couleur puce et le chatouillis de ses plumes d’ornement , caresser les écritoires marquetés de bois précieux, loin de toute réalité .
D’une prose délicieuse, parfaitement d’époque, entre ce que l’on appelait « l’esprit français » et un vocabulaire précis, truffé d’expressions authentiques, souvent savoureuses, l’auteur nous emmène dans les couloirs et salons de Versailles, aux méandres codifiés à l’extrême . On ne s’y perd pas et on n’a aucune envie qu’une porte ne se ferme. Qui de Fleury ou de la Tournelle emportera la victoire ? Intrigues de Cour, misérables complots d’ego et de profit où la calotte n’est jamais loin, brandissant à la moindre occasion des méthodes effrayantes dont elle a le secret, même si elle semble bien dépassée par cette sarabande effrénée.
Tout au long du livre, se dessine un roi infâme , égoïste , lâche et capricieux. On ferme le livre un peu plus écœurée de ce souverain qui a mené la France à sa perte avec autant d’indifférence que d’égoïsme sot mais on a passé un très bon moment !
Autre extrait :
Prologue
Château de Versailles, vendredi 8 septembre 1741
Le masque de la mort intriguait toujours le roi, mais le voir se poser ainsi sur le visage de sa maîtresse l’affligeait sincèrement, car Sa Majesté n’aimait pas souffrir. Au sortir du grand couvert, dont la durée lui fut un supplice, l’amant s’était aussitôt substitué au monarque, et les ordres distribués pour que son souper soit servi au pied du lit de la pauvre malade, installée par commodité dans le bel appartement du grand aumônier de France, le cardinal de Rohan-Soubise. C’est là qu’une semaine plus tôt la favorite avait donné naissance à un enfant mâle qui ne devait rien à son mari, le marquis de Vintimille, neveu de monseigneur l’archevêque de Paris. Tout cela accablait de bien des ridicules ces princes de l’Église, mais le roi s’en moquait. L’appartement situé au premier étage de l’aile neuve jouissait d’une vue magnifique sur les jardins et offrait l’avantage d’être de plain-pied avec le salon de la chapelle. Au sortir de la messe, il suffisait à Sa Majesté de quitter sa tribune pour se rendre au chevet de celle qu’il aimait malgré son peu de beauté, une allure de grenadier et l’odeur forte des femmes au gousset fin.
A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Moi qui ai toujours un peu de mal à me lancer dans l’histoire, celui-ci me tenterait bien… 👍😉🤔
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Merci Isa
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Bien d’accord avec toi ! C’est un roman délicieux, qui se déguste mot à mot, tant le style est un régal. J’avais bcp aimé aussi « L’été des quatre rois », et je suis pour l’heure ds le 3e roman de C. Pascal, dont le Régent et la duchesse du Maine sont les protagonistes, autour du petit Louis XV. Là encore, un bonheur de lecture ! Intrigues, calomnies, appétit du pouvoir, trahisons…. Tous les ingrédients d’un bon roman noir, finalement ! 🙂
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Et bien tu sais ce qu’il te reste à faire ma chère Chantal ? Hahahaha 😂😂🤣
En attendant des bises 😘
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À suivre dc 😉 !
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Yesssss 🙂
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Je ne lis jamais de romans historique, et j’aimerais bien me lancer. Celui-ci m’a l’air d’être une bonne idée. Je le note, merci Ge ! ☺️
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Moi depuis toute jeune j’aime le roman historique autant que j’aime l’histoire en général 🙂
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