Niko Tackian sous le feu des Flingueuses, 2e épisode 2/4

A l’occasion de la sortie de son prochain roman « La lisière » nous avons, trois flingueuses et moi pris Niko Tackian en otage et nous l’avons passer à la questions.

Cet après-midi c’est Miss Aline qui dirige l’interview à bout portant de monsieur Niko Tackian

Niko Tackian sous le feu des Flingueuses, 2e épisode 2/4

Miss Aline : Bonjour tout le monde.
Niko depuis les premiers écrits ta méthode de travail a sûrement évolué. Peux-tu nous décrire cette évolution ?

Niko : Oui elle a évolué au fil des supports sur lesquels j’ai écrit. Ils sont tous spécifiques.
La BD c’est l’art de l’ellipse. 46 planches pour raconter une histoire. Ça apprend à être concis, à faire des choix.
Le scénario audiovisuel, c’est une affaire de rythme, de structure et de dialogues. Ça apprend à créer la vie pour que les comédiens puissent l’interpréter. À être juste, dans les psychologies et les dialogues.
Le jeu de rôle c’est l’art de la narration. Ça apprend à raconter une histoire. A captiver un auditoire. A improviser beaucoup.
Et le roman c’est la liberté. C’est le domaine où il y a le moins de contraintes. On peut tout faire si tant est qu’on maitrise ses outils

Miss Aline : Quand on sait que le lecteur est « exigeant », qu’il est « connaisseur » de beaucoup de choses… quelle liberté t’autorises-tu dans ce « on peut tout faire » ?

Niko : Oui il est connaisseur c’est vrai et il faut être exigeant avec soit même pour le surprendre et le transporter. C’est un travail de construction. Il ne suffit pas d’avoir une idée pour faire un bon livre. Il faut savoir la construire, qu’elle soit originale, que les personnages soient bien construits et aient du sens, que le cadre soit novateur ou du moins traité avec un œil nouveau. Et c’est vrai tous les ans à chaque livre. Ça demande d’avoir une boîte à outils solide et un bon œil.

Miss Aline : J’entends bien le travail de construction… je parlais plutôt d’informations comme le déroulement d’une autopsie, d’une hiérarchie policière…. Est-ce que cela engendre une part de recherche plus ou moins conséquente ?

Niko : Au début mais bon ça fait vingt ans que je fais ça. Particulièrement en télé donc au final c’est pas le plus gros de la documentation. Et puis en ce qui me concerne, je ne mets pas de scènes d’autopsie dans tous mes livres et je ne m’intéresse pas trop à la procédure. Le gros de la recherche c’est la thématique centrale du roman, le lieu où ça se passe et les personnages.

Miss Aline : La thématique c’est un postulat de départ ou elle se dégage au fur et à mesure ?

Niko : La thématique c’est la sous couche du roman. C’est la fondation de la maison. Faut mieux éviter de la construire en même temps que les murs … ou partir à l’aveugle sans savoir si c’est un manoir ou un deux pièces … et au-delà de ça, la thématique c’est aussi un moteur d’écriture. C’est ce qui te pousse à écrire. Parce que si tu n’as rien à dire pourquoi écrire au final ?

Miss Aline : Le travail du personnage, sa psychologie…. Si je te dis :  moins de 26 ans et absence de pouce droit. De façon succincte à quoi pourrait ressembler son portrait/sa fiche made in @Niko Tackian ? 

Niko : Pour construire ou imaginer un personnage je pars souvent de sa psychologie pour arriver à son physique pas l’inverse. Du coup si tu me dis : dans une famille ou le père ne l’a jamais valorisé et la mère idéalisait le père car elle était une enfant battue et cherchait dans sa relation de couple à retrouver un père qui aurait ou lui donner de l’amour, là ça me parle … après il y a ce qu’on appelle la caractérisation du personnage auquel appartiennent les critères physique comme l’âge et le pouce coupé à cause d’un accident de bricolage que le personnage avait effectué en faisant des travaux pour plaire à son père qui ne l’a jamais valorisé …  Si on a la psychologie, on a tout.

Miss Aline : La lecture étant subjective, le lecteur dans un état émotionnel x au moment de son immersion dans un roman peut-il ne pas comprendre la thématique, passer à côté de ce que l’auteur veut dire ?
Ne peut-on pas juste lire une histoire ? Ou faut-il penser que le lecteur cherche inconsciemment une « réponse » ?

Niko : Je ne pense pas qu’on pose une thématique pour que le lecteur la voit. C’est important pour la construction du roman. Pour qu’il soit cohérent, qu’il tienne debout. On peut le faire consciemment ou inconsciemment. Le lecteur peut la voir ou non. Dans tous les livres, il y a des tas de messages, d’angoisses, d’espoirs transmis par les auteurs que les lecteurs ne voient pas. On écrit en tenant compte de nos lecteurs mais pas pour nos lecteurs. Créer pour remplir la demande c’est autre chose. C’est perdre sa sincérité.

Miss Aline : La sincérité d’un auteur ne peut-elle être mise à mal par les exigences d’une Maison d’Editions (ME) ? Ta ME te laisse-t-elle entièrement libre. ?

Niko : Oui entièrement libre en ce qui me concerne. C’est d’ailleurs une condition sine qua non de mon activité d’auteur dans le livre. Ça fait vingt ans que je réponds à des contraintes dans l’audiovisuel, ce n’est pas pour les retrouver dans le monde de l’édition où je suis 100 fois moins payé pour 100 fois plus de travail .😂
Par contre le marché en lui-même a des exigences. En particulier le marché français. Par exemple, si j’ai envie d’écrire un roman fantastique je ne peux pas. Les libraires ne comprendraient pas dans quel linéaire le mettre. C’est difficile d’être entres les genres.
En France on aime bien mettre les gens et les auteurs dans des catégories.
A part Maxime Chattam, il n’y a pas d’auteur qui soient entre les genres. Ça c’est une contrainte.
Si je voulais faire mon Stephen King et écrire un roman avec de vrais vampires par exemple, et bien j’en aurai 4 fois moins en magasin.

Miss Aline : Une retraite dans une cellule monastique (oublions l’ile déserte !) Un seul livre autorisé. Lequel emportes-tu et pourquoi ?

Niko : La bible parce que c’est épais du coup je peux creuser les pages et planquer ma flasque de Rhum 

Miss Aline : Tchin…
Je cède la place à une autre flingueuse. Merci pour cet échange Niko.

Fanny H : A demain matin tout le monde…Je prends la relève.

A suivre donc…

Retrouvez, demain dans l’après-midi, le 3e épisode de

Niko Tackian sous le feu des Flingueuses

 

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